Loi sur les agronomes : les agronomes et le MAPAQ vont trop loin!
Saint-Hyacinthe, le 7 juin 2022 – L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec est indigné à la suite de la publication du projet de loi sur les agronomes annoncé en grande pompe par le MAPAQ et l’Ordre des agronomes le 1er juin dernier. Le projet de loi réserve aux agronomes les activités professionnelles en lien avec la régie des élevages et la nutrition animale. Un non-sens des plus évident pour l’Ordre.
« La santé et le bien-être des animaux d’élevage, c’est aussi le rôle des médecins vétérinaires. Que le MAPAQ et l’Ordre des agronomes ne reconnaissent pas l’importance du volet médical en matière de nutrition animale et de régie des élevages soulève de sérieuses questions sur leur légitimité et leur compétence à légiférer dans ce domaine. Le projet de loi – tel que libellé - sème la confusion en regard des activités professionnelles réservées aux agronomes. En plus de porter préjudice aux médecins vétérinaires dans le libre exercice de leur profession, il met à risque la santé et le bien-être animal et même la santé publique », indique le président de l’Ordre, le Dr Gaston Rioux.
En effet, si la loi est adoptée sans modification, les agronomes se verront réserver l’évaluation des besoins nutritionnels d’un animal (d’élevage ou de compagnie), l’élaboration d’un programme d’amélioration génétique, la détermination de méthodes de traitement préventif d’un élevage et l’évaluation de son état. Certaines de ces activités professionnelles – si elles ne sont pas précisées – frôlent d’ailleurs dangereusement avec la pratique d’actes actuellement réservés aux médecins vétérinaires précise le Dr Rioux : « évaluer l’état d’un élevage et déterminer des méthodes de traitement, on parle ici de diagnostic et de prescription, mais on a utilisé d’autres mots pour le faire. »
Paradoxalement, alors qu’on voit de plus en plus de professions, au Québec, évaluer comment améliorer l’offre de services – sans diminuer la protection du public – avec un partage d’actes entre professionnels, on vient créer de nouveaux silos dans le domaine de la santé animale avec la révision de cette loi. C’est un pas de recul non souhaitable. Ce sont des actes qui sont déjà partagés entre les médecins vétérinaires et les agronomes et ça fonctionne très bien, pourquoi légiférer afin de les rendre exclusifs?
On craint que cette loi – si elle est adoptée – pose des risques pour la santé des animaux. Par exemple, pour certaines maladies animales, un traitement nutritionnel est un facteur déterminant du rétablissement. Or, l’agronome, bien que disposant d’une formation exhaustive, ne possède pas les connaissances et les compétences pour déceler une maladie animale causée par l’alimentation et l’Ordre craint que le médecin vétérinaire ne puisse plus intervenir en la matière.
L’Ordre a partagé ses préoccupations avec l’Office des professions du Québec à l’automne dernier, mais n’a malheureusement pas été entendu. Il avait notamment demandé de séparer – dans le projet de loi - les activités et les champs d’exercice se rapportant aux végétaux et aux animaux. Il apparait évident pour l’Ordre qu’on parle de deux domaines complètement différents et que des libellés généraux s’appliquant autant aux activités professionnelles en lien avec les végétaux qu’à celles en lien avec les animaux seraient trop imprécis et difficiles à interpréter. Comme prévu, la lecture du projet de loi nous amène directement dans le flou.
« Réserver ces actes aux agronomes, est-ce que cela a une plus-value en matière de protection du public ? Non. Est-ce que ça aide les éleveurs ? Non. Est-ce que c’est positif pour les animaux ? Non. Je pense qu’on est en droit de se demander qui récoltera les fruits de ces changements de loi et s’ils sont justifiés », conclut le Dr Rioux.
À propos de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec
L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec est un organisme, constitué en vertu du Code des professions du Québec et de la Loi sur les médecins vétérinaires, qui regroupe plus de 2 700 médecins vétérinaires au Québec. Son mandat est d’assurer la protection du public en faisant la promotion d’une médecine vétérinaire de qualité qui vise l’amélioration du bien-être des animaux et le maintien de la santé publique.
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Source :
Patricia Noël, Service des communications
Ordre des médecins vétérinaires du Québec
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