Conseils pour vos animaux

Les vaches laitières

Les vaches laitières sont-elles vraiment à l’aise dans les étables?

Cet article n’est pas le résultat d’une recherche, mais une analyse de plusieurs publications et de leurs applications à l’étable. Je ne suis pas chercheur, je suis un médecin vétérinaire qui participe activement dans la mise en place de nouveaux bâtiments pour les vaches. Des bâtiments construits pour elles.

Ratio - Production de laitLe confort de nos animaux est-il optimal? Dormiriez-vous dans les logettes des animaux que vous visitez mensuellement? On se doit de poser ces questions. Malheureusement, ce qui est anormal est devenu normal. Par exemple, dans un de mes troupeaux, nous avons observé les jarrets des sujets. Or, 100 % de ces sujets présentaient des lésions de sévérité variable. On revoit continuellement les mêmes troupeaux et notre analyse visuelle laisse échapper des anomalies si fréquentes que l’on ne s’y arrête même plus.

En réalité, qui sommes-nous pour savoir si les vaches sont à l’aise ou non? Remontons à leurs origines et parcourons leur évolution pour tenter de mieux cerner leurs besoins. Leur ancêtre a fait son apparition à la suite de la dernière période glacière, il y a 10 000 à 12 000 ans. Il semble bien que cet animal ait été difficile à domestiquer et qu’un seul petit groupe soit à l’origine de toutes les variétés de races bovines que nous connaissons aujourd’hui.

Nous avons donc un animal qui nous vient du froid et qui vit en groupe. Dans le grand règne animal, la vache se retrouve du côté des proies et du groupe des ruminants. Pour être logique et cohérent, on doit l’élever en groupe, la nourrir au lever et au coucher du soleil, et la placer dans un environnement froid.

  • Le premier élément de confort serait donc la température de nos bâtiments. La zone de confort pour les bovins se situe aux alentours des 4° Celsius. Pour faire une comparaison, prenez un frigo. Lorsque vous faites votre épicerie, vous avez froid dans les rayons des viandes ou des produits laitiers, car vous êtes nettement en dehors de votre zone de thermoneutralité. Il existe une grande marge entre notre température de confort et celle des vaches. L’objectif sera donc de maintenir une température de type frigo le plus souvent possible sur une base annuelle. Pour nous, la mauvaise nouvelle, c’est qu’il fera froid dans ces étables pour vaches. Nous devons bâtir pour les animaux et non pour notre petit confort. Dans le même ordre d’idée, lorsque nous vivons une journée parfaite d’été, nos vaches laitières ont déjà atteint leurs critères de canicule et sont inconfortables et non performantes. Si on calcule la température et l’humidité et qu’on obtient 68 et plus, c’est suffi sant pour décréter l’inconfort. Par exemple, une température de 22° Celsius, accompagnée d’humidité relative de 50 %, sera une journée trop chaude pour la vache et ses fonctions sont déjà en perte de vitesse.

    Malgré notre position nordique, nos animaux subissent des stress thermiques importants qui hypothèquent leur performance et leur quotidien. Des indices de performance tels que la production, les composantes laitières et la reproduction seront rapidement ébranlés.

    On revoit continuellement les mêmes troupeaux et notre analyse visuelle laisse échapper des anomalies si fréquentes que l’on ne s’y arrête même plus.

    Pour ce qui est des températures froides, une visite au Wisconsin à l’hiver 2014 m’a convaincu de ne pas m’inquiéter. Malgré les -15 degrés de ces étables, qui en fait ne sont que des abris du vent et des précipitations, la production par vache par jour pour les trois fermes visitées avoisinait les 45 kg. N’oublions pas qu’elles viennent du froid. Le modèle américain ne compte aucune isolation et pourtant bien des États nous font concurrence pour les valeurs sous les zéros.

    On doit bien ventiler le bâtiment. Lorsque l’automne arrive et que les feuilles tombent, nos vaches laitières commencent à apprécier la vie. N’allons surtout pas fermer les étables et garder la température à 10 degrés et ainsi les priver de leurs meilleures journées de l’année.

  • Être vivant capturé et dévoré par le prédateur, voilà la définition d’une proie. Malgré une longue domestication, le mode de vie des bovins est celui de ceux qui ont peur du gros méchant loup, et cela restera ainsi. Pour bien les comprendre, on doit s’imaginer en proie. Il y a donc du danger partout. On doit survivre. On doit s’assurer de tout voir, d’avoir une porte de sortie disponible. Maintenant, vous pouvez mieux comprendre pourquoi des logettes collées au mur ne sont pas utilisées. Pourquoi des animaux choisissent ce type de logette plutôt qu’une autre? Une proie ne voudra pas se coucher face à un mur, incapable de voir derrière elle et incapable de fuir facilement. Une proie sera toujours une proie, nos étables doivent leur donner la sécurité recherchée.

    Malgré notre position nordique, nos animaux subissent des stress thermiques importants qui hypothèquent leur performance et leur quotidien. Des indices de performance tels que, la production, les composantes laitières et la reproduction seront rapidement ébranlés.

    L’avantage des ruminants est de pouvoir sortir à découvert, ingérer une grande quantité de nourriture en peu de temps, courir se mettre à l’abri des prédateurs, remastiquer le tout calmement et effi cacement. Le chevreuil est un exemple, et nous pouvons l’observer à l’aurore et au crépuscule alors qu’il sort dans les champs pour prendre un bon repas. Ce ne sont pas les seuls repas de la journée, mais c’est certainement les deux plus importants. Les études le confi rment, on se doit de distribuer la moitié de la ration avant le lever du soleil et favoriser les fins de journée pour une autre distribution importante d’alimentsfrais. Il est bien entendu que, malgré cela, des aliments doivent être disponibles toute la journée. On pourrait remettre en doute certains systèmes d’alimentation et le principe de « vache par vache » en tenant compte de ces dernières notions. La ration totale mélangée et sa gestion me semblent plus compatibles avec le ruminant.

    La production laitière est sous la tutelle des éléments suivants : reproduction, qualité du lait, remplacement, vache tarie, ration, gestion de la mangeoire et confort (graphique 1). Les deux derniers points constituent des occasions importantes pour nous, médecins vétérinaires. Le confort compte pour 25 % tandis que la gestion de la mangeoire compte pour 18 % de ce qui conduit la production laitière. De plus, il n’y a même pas de ration à calculer, mais seulement comment, quand et quelle quantité on distribue les aliments.

  • Pour un ruminant, une journée bien remplie ne compte que trois choses à accomplir : debout pour manger et boire, debout pour se faire traire et enfin se coucher. La période du coucher compte environ 12 heures par jour, donc la moitié de la journée. En fait, la vache passera la moitié de sa vie couchée. Voici donc le point majeur pour le confort de nos animaux. Comment pouvons-nous off rir à la vache une période de 12 heures par jour, couchée de façon confortable? Comment pouvons-nous off rir une sécurité à un animal de plus de 600 kg qui devra se lever et se coucher une dizaine de fois par jour, et ce, jour après jour? À bien y penser, le risque est énorme pour ces animaux. Risque que nous avons créé nous-mêmes lorsque nous avons décidé de garder ces animaux à l’intérieur des bâtiments pour en faciliter la gestion. Nous avons créé, du même coup, des besoins en matière de confort, car à l’extérieur tout était là. Le confort, pour la vache, c’est de l’espace, beaucoup d’air, la lumière du jour, de la compagnie et tout ça doit se faire facilement. Ce ne sont que des vaches après tout!

    Comment pouvons-nous off rir à la vache une période de 12 heures par jour, couchée de façon confortable? Comment pouvons-nous off rir une sécurité à un animal de plus de 600 kg qui devra se lever et se coucher une dizaine de fois par jour, et ce, jour après jour?

    Nous devons donc nous concentrer sur la surface des logettes. Selon le dernier relevé de DSA, une vache sur dix décède dans nos étables. Pour les autres productions animales, on vise un taux de mortalité de moins de 5 %. Notre production atteint le double et personne ne semble réagir face à une perte aussi marquée. Nous avons traité les fi èvres vitulaires et le choix du traitement est fort simple : le calcium. Malgré cela, combien de vaches ne se relèvent pas? La réponse est malheureusement simple : elles se font mal et se blessent. Nous revenons encore à un problème de confort.

    Notre belle province compte encore près de 90 % de nos sujets en stabulation entravée. Une visite en Irlande et en Écosse m’a fait réaliser qu’il y a un problème avec notre type de stabulation. Nos collègues irlandais et écossais n’ont pas le droit de garder des vaches attachées sur une longue période. La plus petite ferme visitée comptait 12 sujets en lactation lors de mon passage et, pourtant, ils étaient en stabulation libre avec salle de traite. Nous aurons à gérer ce problème dans un avenir plus ou moins rapproché. Le grand public, les buveurs de lait, seront ceux qui nous obligeront à le faire, car ils voudront acheter du lait de vaches heureuses et libres.

  • Pour l’instant, on doit trouver une solution pour des animaux attachés. L’industrie nous a inondés de différents produits : tapis, matelas et autres, de diff érentes couleurs, surfaces, épaisseurs et autres. Aucune étude n’a confirmé qu’il y avait un produit qui remplissait toutes les conditions gagnantes. Nos options sont donc : le sable, les litières organiques, les matelas, les tapis et le béton. Nul doute que 12 heures par jour couché sur du béton est inacceptable. Pourtant cela est encore bien présent dans nos étables. Un peu de litière organique étalée à la main sur le béton ou un simple tapis de caoutchouc et vous avez le même résultat que du béton. La quantité de litière n’est suffi sante que pour aider à contrôler l’humidité; il n’y a pas d’eff et coussin. Il n’y a aucun support de l’onglon lors du mouvement de lever, problème encore plus important sur un sujet boiteux. Comme ils sont attachés toute l’année sur une surface dure comme le béton, on peut facilement comprendre le taux de réforme de 36,4 % de nos animaux (DSA, juin 2014). Nos animaux ne peuvent tout simplement pas survivre bien longtemps à un tel traitement. Combien de fermes investissent en génétique ou en transfert d’embryons et, pourtant, gardent leurs sujets sur des surfaces semblables à ce que nous venons de discuter? Les études confi rment que les vaches préfèrent une logette sèche. Le temps du coucher sera coupé de quatre heures si la logette est humide. L’inverse est plus que rentable. Toute amélioration qui favorisera une heure de plus en position couchée se traduira par un gain de production de l’ordre de 1 à 1,6 kg de lait par vache par jour. Combien de produits magiques ajoutés à la ration peuvent générer un tel rendement?

    Pour les animaux attachés, il n’y a pas encore de solution parfaite. Pour ceux qui optent pour de la litière, qu’importe le choix, nous devons en mettre assez pour couvrir le sabot de la vache debout ou la patte de la vache couchée. Chaque litière a des qualités et des défauts. On doit travailler à la garder la plus sèche possible. Les matelas sont encore une excellente option. Utilisés en combinaison avec beaucoup de litière ou pour ceux qui doivent les renouveler, on peut ajouter de la mousse synthétique à haute mémoire de densité, d’un à deux pouces, par-dessus les boudins de caoutchouc et on couvre le tout d’une nouvelle toile pour donner une nouvelle vie à ce produit. De plus, la durée de vie d’un matelas est de 10 à 12 ans. Passé cette période, le produit doit être changé ou amélioré avec de la mousse à haute densité. Peu importe le type de matelas, il doit être utilisé avec de la litière. Toute vache boiteuse doit être soignée le plus rapidement possible et un parage préventif est essentiel deux fois par année. L’industrie sous-estime malheureusement l’impact négatif que les problèmes locomoteurs affl igent à nos entreprises.

    Peu importe les choix ou les combinaisons de litière et produits couvre-béton, lorsqu’ils sont en place, posez-vous la question : « Est-ce que je dormirais dans une telle logette, oui ou non? » On oblige nos vaches à le faire, car elles sont attachées là, parfois pour toute leur vie, qui malheureusement n’est pas plus longue qu’une lactation.

  • En stabulation libre, le sable constitue le meilleur choix. Nos voisins de Sud l’ont prouvé par de multiples études, et le sable constitue le Gold Standard en matière de confort. Les points positifs attribués au sable sont :

    • la facilité accrue de se lever et de se coucher, la période du coucher est prolongée de 20 minutes en moyenne avant de se relever pour changer de position;
    • moins de blessures;
    • une meilleure traction dans les allées de circulation et de passage;
    • un indice de boiterie diminué, soit 11 % contre 17 % pour les étables sur matelas.

    Une étude du Wisconsin où l’on a comparé 117 troupeaux sur sable à 59 troupeaux sur matelas à démontré une diff érence en production de l’ordre de 1100 kg par lactation.

    Peu importe les choix ou les combinaisons de litière et produits couvre-béton, lorsqu’ils sont en place, posez-vous la question : « Est-ce que je dormirais dans une telle logette, oui ou non? » On oblige nos vaches à le faire, car elles sont attachées là, parfois pour toute leur vie, qui malheureusement n’est pas plus longue qu’une lactation.

    Lors de ma visite des fermes du Wisconsin, j’ai constaté une production de 45 kg par vache par jour. Quel est donc leur secret? La recommandation principale des consultants de l’Université du Wisconsin à Madison est de refaire la surface des logettes et d’introduire le sable comme litière. Un sable de qualité « mortier » doit être choisi. Celui-ci allie qualité et granulométrie pour bien faire le travail. La deuxième recommandation fut de modifi er les logettes pour bien accueillir les vaches.

    Elles doivent avoir de l’espace pour avancer et baisser la tête lors du mouvement de lever et une bonne longueur pour bien se coucher. La troisième recommandation vise le contrôle des boiteries, la qualité et la fréquence des parages ainsi que la détection rapide des boiteuses. Lors de ma visite, aucun commentaire sur la ration, sa composition ou autre. Les performances de ces troupeaux ne reposaient que sur le confort et le contrôle des boiteries.

    Un grain de sable américain ou canadien, c’est un grain de sable. Pourtant au Québec, dès qu’on parle de sable pour la litière, tout le monde met les bras en l’air et nous dit que c’est trop diffi cile pour les équipements. Peut-être, mais le Wisconsin compte plus de vaches que le Québec et 64 % de ses vaches en stabulation libre sont couchées sur le sable. Ils ont bien compris qu’il valait mieux user l’équipement et sauver des animaux. Nous, on préfère protéger nos équipements et tuer des vaches.

    Le site thedairylandinitiative.vetmed.wisc.edu présente une vidéo qui démontre comment le sable supporte tout l’onglon lors de l’eff ort que la vache déploie pour se lever. Vous trouverez aussi un chiff rier Excel qui compare le sable et les matelas. Le calcul n’est pas établi en fonction d’un quota, mais il porte à réfl exion. Notre industrie se tourne à l’heure actuelle vers la stabulation libre. La robotique accélère déjà ce changement. On devra maîtriser la technologie du sable pour le bien-être des animaux et de l’industrie.

    On devra maîtriser la technologie du sable pour le bien-être des animaux et de l’industrie.

    Pour conclure sur le sable, j’ai fait quelques tentatives en stabulation attachée. La première lors d’une rénovation majeure : j’ai proposé de bâtir deux logettes sur sable pour aider les vaches mal en point. Ce fut un véritable succès. On qualifi e ces logettes de coin des miracles. Ma deuxième tentative : un secteur de type « bedded pack » sur sable, pour les vaches dépressives, fut de nouveau une réussite. Par contre, mon troisième essai fut un échec. Six logettes sur sable dans une étable de 72 têtes. Résultats : baisse du lait, mammites et autres. Il est à noter que, dans cette étable, l’accumulation de litière n’a pas fonctionné non plus.

    L’accumulation de ripe, une option possible en stabulation libre, peut donner de bons résultats. La ripe utilisée en grande quantité dans des logettes bien dessinées permet que les vaches soient propres, que l’indice de boiterie soit bas et que les jarrets soient impeccables. Les deux obligations à respecter sont de mettre beaucoup de ripe et de la garder propre. Pour ce qui est des mammites, peu de cas sont rapportés et les leucocytes sont sous les 150 000. Les arbres ne font pas pousser de klebsiella. Cette bactérie vient des déjections des animaux. En respectant les conditions de propreté, les bactéries ne pourront pas se développer et causer des malheurs.

  • Un médecin vétérinaire doit observer, mesurer, chiff rer, comparer et juger. Ses observations doivent reposer sur la science ou être faites à partir de la science. Voici quelques tests pour estimer le confort de nos protégées. Le premier test est utilisé dans le code des pratiques pour le soin et la manipulation des bovins laitiers. Il s’agit d’une évaluation visuelle des jarrets et des carpes pour noter la présence d’enfl ure, de déformation, d’alopécie et autres anomalités. On établit le pourcentage de sujets avec des lésions et leur sévérité. Le deuxième test, celui du genou, décrit par Pierre Lévesque, est de gérer la qualité du lait. Un test simple, mais combien efficace! En position debout, on se laisse tomber sur les genoux. Par la suite, il s’agit d’analyser la douleur, l’inconfort, la capacité de se relever et l’humidité de vos pantalons. Un bon résultat sera l’absence de douleur et de beaux pantalons secs. Tout autre résultat sera donc à corriger. Le troisième test, je l’ai nommé le test du dodo. Il peut se faire virtuellement ou en temps réel. Il s’agit de prendre place dans une logette et de faire une sieste. Généralement, cinq petites minutes permettent de tirer des conclusions. Imaginez que votre lit douillet est remplacé par un bloc de béton. Voilà ce à quoi plusieurs vaches ont droit pour travailler 12 heures par jour!

  • Évitez le béton, ce tueur numéro un de nos vaches. Ceci s’applique pour la logette et non pour les allées. Nos stabulations ne doivent pas favoriser la fl ânerie, car des ruminants ne devraient faire que trois choses par jour et non quatre. Créez des logettes suffi samment confortables pour que vous puissiez accepter d’y dormir. 

    Vaches laitières

    La règle du propre et sec ne devrait pas être transgressée. En stabulation attachée, la litière en grande quantité constitue une bonne solution, les matelas avec litière sont ma préférence, et c’est encore mieux si on ajoute une mousse synthétique. Les tapis peu épais et durs ne sont pas une option. Pour les stabulations libres, le sable est le choix optimal, cependant du bon travail peut être accompli avec de la litière profonde ou encore un matelas avec litière.

    Créez des logettes suffisamment confortables pour que vous puissiez accepter d’y dormir.

    Un produit non discuté dans le présent article est le matelas de gel. Il semble fort prometteur, mais quelques complications doivent être résolues avant de poursuivre cette installation. Le programme proAction commence à faire son chemin et on doit être astucieux et s’impliquer dans ce qui permet de hausser de 25 % la production laitière : le confort!

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