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Dentisterie équine : des actes réservés aux médecins vétérinaires

Dentisterie équine : des actes réservés aux médecins vétérinaires

Saint-Hyacinthe, le 3 mai 2024. – Le 4 mars dernier, la Cour supérieure a confirmé la décision de la Cour du Québec de reconnaître M. Patrick Chartrand (Patequin) coupable d’avoir pratiqué des actes de dentisterie réservés aux médecins vétérinaires en effectuant des râpages de dents sur des chevaux au Québec. À la suite de ce verdict, l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec souhaite rappeler à la population que les soins dentaires prodigués aux animaux sont loin d’être anodins.

Une bonne santé globale chez l’animal passe bien souvent par la santé buccodentaire. Certains symptômes dentaires peuvent cacher des infections ou des problèmes de santé plus graves que seul un médecin vétérinaire peut diagnostiquer. Il est ainsi le seul habilité à pratiquer la dentisterie vétérinaire.

Assurer la protection du public et des animaux

Il a toujours été interdit pour un non-vétérinaire de faire des râpages de dents chez le cheval. Notons que cette procédure effectuée systématiquement, sans examens réguliers par un médecin vétérinaire, pourrait contribuer à mettre en danger l’état de santé général de l’animal. Cette pratique, vue dans la croyance populaire comme un soin de routine, apporte donc un faux sentiment de sécurité aux propriétaires.

Le râpage de dents a pour but de traiter une condition médicale vétérinaire, d’où le fait qu’il soit un acte réservé à la médecine vétérinaire. La jurisprudence québécoise le reconnait d’ailleurs; l’apport du médecin vétérinaire est essentiel pour protéger les clients ainsi que la santé et le bien-être de leurs animaux.  

« Oserions-nous confier notre bouche et celles de nos enfants à une autre personne qu’un dentiste pour assurer notre santé buccodentaire? Poser la question, c’est y répondre », mentionne le Dr Gaston Rioux, président de l’Ordre. « La même logique s’applique en médecine vétérinaire. Le médecin vétérinaire est le seul formé pour effectuer des examens approfondis sur un animal, identifier des problèmes de santé, certains sous-jacents aux symptômes dentaires, et prévoir les traitements requis selon le cas. Le tout basé sur des méthodes scientifiques reconnues », poursuit le Dr Rioux.

Lors d’un examen approfondi de la bouche et de traitements complets de dentisterie, des sédatifs ou des agents anesthésiques sont nécessaires pour toutes les espèces animales. Le médecin vétérinaire établit la posologie requise pour des interventions dentaires sécuritaires et sans douleur pour l’animal, tout en réduisant la durée de la procédure. Il peut aussi intervenir rapidement en cas de complications.

Ses connaissances approfondies lui permettent d’exposer toutes les nuances d’une situation médicale aux propriétaires équins, leur permettant de prendre des décisions éclairées quant à la santé et au bien-être de leurs animaux.

Contexte de pénurie de médecins vétérinaires

La pénurie de médecins vétérinaires sévit partout au Québec et touche tous les domaines de pratique. L’Ordre travaille à trouver des solutions durables en collaboration avec les acteurs du milieu, dont Cheval Québec et l’Association des médecins vétérinaires équins du Québec.

« La pénurie est multifactorielle, ce qui implique que tous doivent mettre l’épaule à la roue pour trouver des solutions gagnantes-gagnantes. Que ce soit nous, à l’Ordre, le gouvernement, les associations, la faculté, les régions, les médecins vétérinaires et même les propriétaires d’animaux, tous ont un rôle à jouer pour atténuer les effets de la pénurie », mentionne le Dr Rioux. « Ceci dit, la protection du public demeure la pierre angulaire de l’exercice; en aucun cas la pénurie ne devrait excuser le recours à la pratique illégale. Cette tangente met à mal la santé et la sécurité des animaux et la protection de leur propriétaire », ajoute le Dr Rioux.

À titre d’une solution parmi d’autres, l’Ordre encourage notamment les médecins vétérinaires à faire appel, judicieusement, à des techniciens en santé animale. Il s’agit d’une avenue qui pourrait contribuer significativement à renforcer l’accès aux soins de santé pour animaux. Cette délégation de certains actes, sous supervision du médecin vétérinaire, est de plus en plus reconnue dans le domaine des équins et permet au médecin vétérinaire de mieux gérer son temps.

Terminons en mentionnant que la pratique de la dentisterie équine par un non-vétérinaire - comme Monsieur Chartrand – est un cas isolé au Québec. Ainsi, l’impact anticipé par ce jugement de la Cour peut être pallié par un meilleur recours aux techniciens en santé animale et par un ajustement des façons de faire des médecins vétérinaires. Les propriétaires de chevaux sont invités à faire appel à leur médecin vétérinaire pour les soins dentaires de leur animal. On peut consulter le répertoire des membres de l’Ordre pour trouver un médecin vétérinaire.

À propos de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec

L’Ordre des médecins vétérinaires du Québec est un organisme, constitué en vertu du Code des professions du Québec et de la Loi sur les médecins vétérinaires, qui regroupe plus de 3100 médecins vétérinaires au Québec. Son mandat est d’assurer la protection du public en faisant la promotion d’une médecine vétérinaire de qualité qui vise l’amélioration du bien-être des animaux et le maintien de la santé publique.

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